pas, parce qu’il était, alors comme à présent, infiniment heureux par lui-même.
Armand. Comment pouvait-il être heureux sans jamais s’amuser ?
Grand’mère. Cher petit, tu juges le bon Dieu par toi-même ; mais il n’a aucun rapport entre Dieu et nous qu’il a créés. Il est heureux par lui-même, tandis que nous, nous avons besoin de beaucoup de choses pour être heureux.
Jacques. Alors, pourquoi Dieu a-t-il créé le monde et les hommes, puisqu’il était si heureux ?
Grand’mère. Ce n’est pas pour se rendre plus heureux qu’il a créé le monde ; Dieu nous a créés par pure bonté, pour nous donner une partie de son bonheur.
Henriette. Je ne comprends pas bien cela. Et toi, Louis, comprends-tu ?
Louis. Non, je ne comprends pas ; et aucun de nous ne comprend, j’en suis bien sûr.
Jeanne. Moi, je comprends un peu, je crois.
Marie-Thérèse. Vraiment ? Qu’est-ce que tu comprends ?
Jeanne. Je comprends que… que… cela est, parce que c’est impossible que ce soit autrement ; tu sais que Grand’mère, en nous racontant l’Évangile, nous a dit qu’il y avait des choses vraies qu’on appelle des Mystères, que nous ne pouvons pas comprendre. Eh bien ! je crois que ce que nous dit Grand’mère est un mystère.
Valentine. Ce qui veut dire que tu ne comprends pas plus que nous.
Jeanne. C’est vrai, et pourtant je crois.
Grand’mère. Très-bien, ma petite Jeanne ; c’est là ce qu’on appelle la Foi, et la foi est la première de toutes les vertus.
Henriette, Louis, Jacques, Armand, Paul, Valentine, Petit-Louis, Marie-Thérèse, s’écriant. Nous aussi, nous croyons ; nous aussi, nous avons la foi comme Jeanne.