Grand’mère. Cher enfant, dans toute cette affaire, Jacob n’a fait qu’obéir à sa mère, qui elle-même agissait par l’ordre secret de Dieu. Ésaü n’était pas digne d’être le Patriarche, le chef de la famille ; c’est au bon et pieux Jacob que Dieu destinait l’honneur d’être l’aïeul de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et il voulut que Jacob pût recevoir de son père la bénédiction d’aîné de la famille.
Isaac, rassuré par les paroles de Jacob, lui demanda à manger de sa chasse ; et Jacob lui en présenta, ainsi que du vin à boire. — Quand Isaac eut mangé et bu, il appela Jacob et l’embrassa ; il sentit l’odeur des vêtements pontificaux d’Ésaü, lesquels étaient toujours embaumés de parfums excellents, il se mit à le bénir, à lui souhaiter les bénédictions du Seigneur, la multiplication de ses troupeaux, l’augmentation de ses richesses et de sa puissance. Il lui donna l’autorité sur ses frères et même sur sa mère ; il lui passa le pouvoir de bénir et de maudire, et il le rendit maître de tous ses biens.
À peine Isaac avait-il achevé les dernières paroles de sa bénédiction et à peine Jacob était-il sorti, qu’Ésaü entra, et, présentant à son père le plat de gibier qu’il venait d’accommoder, il lui dit : « Levez-vous, mon père, pour manger de ma chasse que je vous ai préparée comme vous l’aimez, et vous me donnerez ensuite la bénédiction. »
Isaac, surpris, lui dit : « Qui es-tu donc ?
— Je suis Ésaü, votre fils aîné, » répondit-il.
Isaac fut frappé d’étonnement, il expliqua à Ésaü ce qui venait de se passer. « Qui est donc, dit-il, celui qui est venu me demander ma bénédiction ? Je la lui ai donnée avec tous mes biens et toute mon autorité de chef de famille, je ne puis la reprendre ; elle lui restera. »
Ésaü poussa un cri furieux et fut consterné. « Donnez-moi aussi votre bénédiction, mon père, cria-t-il.
— Mon fils, répondit Isaac, ton frère est venu me la surprendre ; il a reçu la part qui t’était due. »