Grand’mère. Ésaü a épousé deux femmes, parce que la loi ancienne, comme je vous l’ai déjà dit, permettait d’en avoir plusieurs ; il a pris des femmes qui déplaisaient à Isaac et à Rebecca, parce qu’il se souciait peu de plaire à Dieu et à ses parents.
Isaac était très-vieux, et il était devenu aveugle. Un jour il appela Ésaü et lui dit : « Mon fils, je suis fort âgé et je puis mourir bientôt ; je veux te bénir avant ma mort. Va donc prendre ton arc et tes flèches pour tuer du gibier ; et quand tu en auras tué, fais-le cuire comme tu sais que je l’aime ; j’en mangerai, et je te bénirai ensuite. »
Il s’agissait de cette grande et solennelle bénédiction que les Patriarches donnaient à leur fils aîné depuis Adam, par l’ordre de Dieu ; elle faisait de celui qui l’avait reçu le Souverain Pontife de tout le peuple de Dieu.
Ésaü partit tout de suite pour faire ce qu’Isaac lui avait commandé. Mais Rebecca, qui avait tout entendu, appela Jacob ; elle lui raconta ce qu’Isaac venait de dire à Ésaü.
« Mon fils, lui dit-elle, suis le conseil que je vais te donner : va-t’en à ton troupeau, tue deux de tes meilleurs chevreaux, afin que je les prépare comme je sais que l’aime ton père ; tu les lui présenteras, et quand il en aura mangé, il te bénira croyant bénir Ésaü.
— Ma mère, lui répondit Jacob, vous savez qu’Ésaü a le corps velu ; si mon père me touche avec sa main, ce qu’il fera certainement pour me bénir, il verra que je l’ai trompé, et il me maudira au lieu de me bénir.
— Mon fils, dit Rebecca, ne crains rien. Fais ce que je te dis, va me chercher les chevreaux. »
Jacob obéit à sa mère et les lui apporta. Elle se mit à les préparer à la manière qu’aimait Isaac. Pendant qu’ils cuisaient, elle habilla Jacob avec les plus beaux habits parfumés qu’Ésaü mettait les jours de fête pour aider son père à offrir des sacrifices ; elle lui couvrit, avec la peau des chevreaux, les mains, le cou et tout