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L’unique souvenir qu’il garda de son ancienne faveur, fut une galerie de tableaux représenlant les principaux personnages avec lesquels il avait vécu[1]. En 1679 il épousa une de ses parentes. L’aisance dont ce mariage fut pour lui la source le fit appeler à remplir une des charges les plus importantes de la bourgeoisie. Pendant qu’il était premier écbevin de Caen, il posa la première pierre de l’Église des Jésuites, aujourd’hui Notre-Dame, et il fit élever sur la place Royale la statue de Louis XIV, que la révolution a détruite, mais dont nous espérons de jour en jour le rétablissement. Le piédestal de cette statue portait l’inscription suivante, composée par Segrais :


      À cette héroïque fierté,
      À cette auguste majesté,
      Reconnaissez, races futures,
      Louis, roi juste et conquérant :
L’histoire vous dira par quelles aventures
      Il mérita le nom de Grand.


Sans négliger ces soins propres à illustrer l’époque de son administration, Segrais, fidèle à ses goûts, terminait sa traduction de l’inéide, entreprenait celle des Géorgiques, et rendait aux lettres un service signalé, en relevant l’Académie de Caen, restée sans protecteur depuis la mort de M. de Matignon en 1675. L’honneur de procurer aux membres d’une société savante un

  1. Cette galerie appartient aujourd’hui à M. Lair, conseiller de Préfecture, dont on connaît le goût éclairé pour tout ce qui tient à la gloire de notre pays. Un si précieux dépôt ne pouvait tomber en de meilleures mains.