Page:Segrais - Poésies de Segrais précédées d'un essai sur les poètes bucoliques - 1823.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aurélie, un recueil d’historiettes qu’il avait composées pour amuser Mademoiselle à St.-Fargeau où elle s’était retirée. Enfin on imprima le premier volume de sa traduction de l’Enéide, dont le second ne parut qu’en 1681.

Segrais avait remplacé en 1662 à l’Académie française l’Abbé de Boisrobert, son compatriote, plus connu par sa faveur auprès du Cardinal de Richelieu y que par ses ouvrages qu’on ne lit plus. Sa réputation croissait de jour en jour ; les savans et les gens du monde recherchaient à l’envi son cpmmerce ; tout lui présageait une longue jouissance des biens que la fortune se plaisait à lui prodiguer ; mais, ayant désapprouvé la liaison et le projet de mariage de Mademoiselle avec le duc de Lauzun, il encourut une disgrâce dont le motif fait honneur à l’indépendance et à l’élévation de son caractère.

Lorsqu’il eut quitté la maison de la princesse, il entra chez Madame de la Fayette, dont les deux jolis romans, la princesse de Clèves et Zaïde, parurent sous son nom. Quelques auteurs prétendent qu’il y travailla en effet, et il ne s’en défendait pas. Il composa chez cette dame l’opéra intitulé : l’Amour par le Temps, que Lulli, par un petit sentiment de vengeance, refusa de mettre en musique, et qui ne fut pas alors imprimé.

Enfin, las du grand monde, songeant peut-être à former un établissement, il se retira à Caen, sa patrie, et malgré les sollicitations de Madame de Maintenon qui voulait le rappeler à la cour, pour le placer auprès du jeune duc du Maine, il préféra aux séduclions de la grandeur le repos et la liberté,