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Je suis comme un enfant dans ses langes natales,
Mon sang tumultueux s’apaise, je souris
Au rêve intérieur de mes songes fleuris
Et m’abandonne au gré des ondes musicales…

Soudain de lents hautbois reprennent tour à tour
Sur un mode mineur leurs plaintes trop subtiles,
Et comme exaspéré de tendresse inutile
Le bois des violons se déchire d’amour.

Ah ! cris aigus des chanterelles douloureuses !
Dernier sanglot, semblable au spasme, rire amer,
Cordes, vous souffrez donc comme mes propres nerfs
Que vous hurlez ainsi dans les heures affreuses !…

Qu’on laisse maintenant planer de grands accords,
De blancs accords pareils à des envols de cygnes,
Je sens déjà flotter une douceur insigne
Et le calme descendre en moi comme la Mort.