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Gamme capricieuse et montant en spirale
Jusqu’aux cieux irréels d’où viennent les Tristan,
Reprise des hautbois, lent découragement
Des basses dont la plainte éternelle s’exhale,

Et splendeur tout à coup de l’amour triomphant !
Une dernière fois le vent rôde et s’éplore,
Puis, brusquement, voici que les ondes sonores
Comme les flots pressés battent contre mes flancs ;

C’est le rêve éployé dans les magnificences !
Un envahissement de l’âme et de la chair,
Une submersion de délice, un enfer
Voluptueux où brûle un brasier immense ;

Je me sens emporté comme sur l’Océan,
Un remous, dirait-on, tourbillonne et m’entraîne,
Ce chant comme du feu circule dans mes veines
Et tout mon sang afflue à mon cœur palpitant.