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Je t’aime, ô faible sœur, pour ta beauté fragile,
Pour ta grâce éphémère et ton cœur inégal,
Pour tout ce que contient d’obscur et d’animal
Ton être inconscient, orgueilleux, et servile.

Ton corps par tant de points sensible à la douleur
Souffre la passion constante des Madones,
Triste et sombre plaisir que celui que tu donnes,
Toi qui risques la mort pour un peu de bonheur !

Ton ventre doux et blond que guette la souffrance
Me touche et m’attendrit par ses humilités,
Je sais que c’est par lui que je fus enfanté,
Moi qui fus — étant homme — ingrat dès mon enfance,

Mais ce rhytme et ces maux, par toi-même ignorés,
T’ont mise à ton insu proche du cœur du monde,
Et je te sens pleurer pour des causes profondes

Lorsque tu ne sais pas ce qui te fait pleurer.