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grènent dans un réseau irréversible, réfractaire même à celui qui l’a tissé. Sitôt incrustés dans la table, — qu’ils pénètrent d’intelligence, — les voici, dépouillant les formes de la mouvante intelligence humaine, devenus pensée de la pierre dont ils prennent le grain. De là cette composition dure, cette densité, cet équilibre interne et ces angles, qualités nécessaires comme les espèces géométriques au cristal. De là ce défi à qui leur fera dire ce qu’ils gardent. Ils dédaignent d’être lus. Ils ne réclament point la voix ou la musique. Ils méprisent les tons changeants et les syllabes qui les affublent au hasard des provinces. Ils n’expriment pas ; ils signifient ; ils sont.

Leur graphie ne peut qu’être belle. Si près des formes originales, (un homme sous le toit du ciel, — une flèche lancée contre le ciel, — le cheval, crinière au vent, crispé sur ses pattes, — les trois pics d’un mont ; le cœur, et ses oreillettes, et l’aorte), les Caractères n’acceptent ni l’ignorance ni la maladresse. Pourtant, visions des êtres à travers l’œil