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Oui. Et quand cela finira-t-il ?

Dans une salle à peine séparée de nous par une cloison disjointe, il y a un bien autre tumulte ! — mais connu : ces sauts de bouchons, ces fusées de rires au Champagne, ces éclaboussements de voix Européennes dont la plupart, si je ne me trompe, sont Françaises. Je me croyais en plein milieu chinois. Et si je n’avais pas, à côté de moi, à toucher, le corps pantalonné de soie de ma Courtisane choisie, je reconnaîtrais les échos d’un certain « Mont des Martyrs » dont on célèbre tous les soirs très loin d’ici la fête païenne et… parisienne.

— C’est bien ça, devine René Leys, qui vient d’obliger son adversaire à « dessécher la coupe » une dixième fois ; il y a là deux ou trois ménages français qui ont voulu tâter de la cuisine chinoise. Les boys m’ont dit qu’ils avaient leurs provisions avec eux, et aussi du champagne.

— Quelle grossièreté quand on a le vin de roses ! (Non, René, voyons ! n’exagérez pas : c’est ma trente-huitième tasse… Eh bien, « Kan-pei », je te l’assèche !)

Je crois bien l’avoir appelé « René ». Je m’attends presque à l’entendre me répondre : « Victor ».

— Et qui sont-ce ? continué-je, imperturbablement.

Peu importe. René Leys nomme des noms. Je ne daigne… Je retiens seulement que ce sont des couples mariés. Très mariés. Mais, par la barbe de l’inventeur