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Aucun doute, c’est mon « Conquérant Tartare », l’avant-garde du cortège de ce matin. Nul étonnement de ma part à la présentation : « Voici monsieur Tchao, chef de l’escorte du Régent ». Il me serre gauchement le pouce, oubliant dans une effusion mal apprise d’adjoindre les quatre derniers doigts que j’ai honte, un instant, de voir ainsi tenus à l’écart. Je pardonne. René Leys complète à mots couverts : « Un officier de premier ordre, très dévoué, très courageux, extrêmement susceptible, et terrible quand il a bu. »

Sans aucun doute : avec ce cou de crapaud solitaire, ce front rasé à l’extrême et presque jusqu’à l’occiput… Oh ! je revois derrière lui toute la Mandchourie dévalant et caracolant du nord au sud, irascible et pourtant loyale au nouvel Empire établi ! Bons soudards, bons archers, bons sabreurs… avant tout… intelligents… ensuite… et terribles quand ils ont…

Eh bien, qu’il s’enivre ! Et, s’il casse terriblement quelques verres après boire, eh bien, je les paierai !

Enfin, l’on va s’amuser.

Mais, qu’est-ce que l’on peut bien attendre pour s’amuser ?

Ce qu’on attend, — ou plutôt, celui qu’on attend ? C’est, explique René Leys, tout simplement le Vieil Oncle du « Petit » qui est là ; « l’oncle du neveu du Prince Lang ». Oh ! parfait ! Un raisonnement bref me fait conclure que cet oncle est le prince lui-même, et c’est avec une gravité excessive que je me