Page:Segalen - René Leys.djvu/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.

demment dans le Palais des « Délices Temporelles », dont le nom se peint en gros caractères noirs sur la lanterne… Mais c’est bien lui ! C’est René Leys qui du fond du couloir étroit s’en vient à ma rencontre et m’introduit : simplement ; dignement ; véritablement chez lui.

Une cour, amusante d’ombres et de passes de lumière… une salle… une autre cour ; un « escalier », — échelle incommode, mais rare dans ces bâtiments chinois, toujours de plain-pied.

— Nous dînerons, m’explique René Leys, dans le « Pavillon supérieur », ce qui est beaucoup plus distingué.

Ah ! voici tous les amis. J’ai déjà le mot de « vieux amis » à la bouche. Je me sens guilleret et tout à l’aise au milieu de ces jeunes gens de familles très excellentes, réunis évidemment pour « s’amuser ». L’on va donc s’amuser. Énormément. Le Chinois sait boire, oui. Mais le Mandchou de bonne race, descendu presque de Sibérie, joint, sur ce point, le savoir du Chinois à l’imposante capacité du Russe, — son beau-frère.

Et les voilà tous : le « gros à lunettes », le « Petit Neveu », le « Premier fils historique »… Ainsi les ai-je déjà qualifiés, usant du droit de l’ami donnant à ses nouveaux amis des désignations tout amicales… Mais cet autre… surprenant et déjà connu… Où l’ai-je donc rencontré ? — Cet œil vif, ces courtes jambes arquées, qui cherchent la selle en marchant…