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— Oh ! j’ai compris. Continuez.

— La porte doit être fermée à minuit. On venait de sonner la troisième veille.

— Deux heures du matin à l’européenne…

— Oui. J’étais avec lui. J’ai marchandé avec le portier, qui nous a laissé passer, tous les deux, précisément, comme Européens… Le lendemain, le portier s’est réveillé en prison. Il faut de la discipline. Vous ne sauriez croire ce que le Régent risque tous les jours, à quatre heures du matin…

— Quoi ? Sa réputation ?

— Sa vie ! Vous ignorez que tous les matins, à quatre heures, il quitte sa résidence ?

— C’est vrai. Pour présider le Grand Conseil.

— Vous connaissez le pont par où il passe ? Tout au nord de la ville tartare, derrière la « Porte Postérieure ».

— Heou-men : un pont mal pavé et assez inutile d’ailleurs. Je n’ai jamais vu comme en Chine autant de ponts passer sur aussi peu d’eau !

— Attendez les grandes pluies d’été ! — Juin, juillet, et vous verrez, me promet René Leys. — Toute la « Mer Septentrionale » vient couler par-dessous. Aujourd’hui, il est évidemment à sec. Et c’est même ce qui facilitait l’attentat.

— Un attentat ?

C’est pourtant vrai. J’ai lu, avant-hier, dans les feuilles publiques, que le « Régent, se rendant comme chaque matin de sa résidence au Palais, avait échappé