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— Évidemment. Croyez-vous qu’une seule eût osé rester debout devant l’Empereur, assis, — même n’importe où ?

Cela est péremptoire. Cela est vu. Si jamais il me venait un doute sur l’entrée de René Leys au Palais, une telle scène, posée comme il vient de le faire, l’abolirait à jamais.

Il me revient donc aux lèvres cette question, toujours revivante au sujet de Lui : « Il est mort, — comme… » Mais je la transforme habilement :

— Tout ce qui s’est passé là, à quelques années près, est évidemment d’un autre âge. Mais tout est fini. Le palais actuel est aussi muré que l’autre, et ne contient plus qu’un grand vide, et pas une majesté. — Pas de « successeurs », pas d’héritiers. — Des simulacres… des « Altesses » dont le titre de respect, si j’avais à les aborder, serait pour moi, non plus « Votre Excellence », mais « Votre Haute Insuffisance »… Ainsi, le Régent, qui pourtant est Son propre frère…

René Leys se réveille tout à fait.

— Le Régent me paraît falot. D’abord, cela sonne assez mal à côté de « Trône ». Le Régent ! Oh ! je sais ! Il y a bien le petit Empereur de quatre ans ! Encore moins de personnalité ; mais on doit compter avec l’âge. Ils avaient surtout le vieux Yuan ! le plus fin ! le plus fort ! — et ils ont failli lui couper la tête… Il est mort… politiquement.

René Leys ne prête aucune attention à Yuan,