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rai sans doute moins que du bourbier de cet étang révélant ses fleurs… et quelques bulles fétides…

J’ai cependant besoin de me confier. L’heure est trop lourde : et il est là. Après tout, ce garçon m’a très à propos livré le nom de la « Montagne » d’où l’on contemple… Je me rapproche de lui. Je désigne d’un coup d’œil le Palais, les fossés, l’eau dormante, la nuit, l’heure enfin… Et je parle…

… Il a tout écouté sans m’interrompre ; même quand il s’est agi de certains détails peu connus de la vie du noble et doux prisonnier d’Empire, le Régnant de la Période Kouang-Siu. Je lui communique ce que je sais : le mystère… toutes les suppositions… celles que j’ai faites — en portant aux limites logiques le merveilleux éclos et contenu là, près de nous, au cœur de la Ville Violette…

Quand je me tais, il ne fait aucune sotte réflexion. Il ne dit point, par exemple : — « La vérité sur sa mort, on l’a sue par les journaux de l’époque… » Je lui en sais gré. À ma confidence inattendue par lui comme de moi, il n’a opposé que du silence. C’est très bien.

J’ajoute :

— Mon grand regret reste d’être arrivé trop tard en Chine. Je coudoie tous les jours des gens qui, le temps d’une audience, sont entrés là, et ont pu l’apercevoir. Je doute, d’ailleurs, qu’ils aient su bien voir.