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archaïques effondrées, usées et vénérables, et j’entame ma randonnée autour de tout le mur interdit que je laisse continuement sur la droite.

Vers l’ouest, il est déconcertant. Il lui faut se modeler sur le contour des Lacs. Il n’a pas cette carrure rectangulaire du pan oriental. On devine à ses retraits la figure des jardins qu’il protège. Par-dessus la crête, se voient des cimes d’arbres, des frises de toits vernissés de bleu et de jaune… Le nez en l’air, je laisse mon cheval longer exactement le fossé.

À gauche, une haute bâtisse chinoise, paradoxale de hauteur si proche du Palais, dont ma route seule la sépare. — Je reconnais, au linteau de sa porte, une grande inscription arabe : c’est une mosquée.

C’est vrai, il y a, malgré les entretueries et les persécutions historiques, — il y a bon gré mal gré vingt millions de sujets musulmans, ralliés de force et depuis peu à l’Empire.

Cette mosquée domine assez curieusement le mur impérial. Elle observe, avec une obstination impunie. Elle risque jour et nuit le regard que je voudrais donner, le coup d’œil par-dessus le mur

Maintenant, ayant tourné d’un angle droit sur ma droite, je remonte vers le Nord, dans la longue allée feutrée de poussière, d’un galop rectiligne parallèle à la muraille. Au loin, la porte Si-koua men grossit sur place à chaque foulée de mon cheval sans que rien change autour de moi, tant le mur