19 novembre 1911. — Ce matin ressemble à tous les matins de l’hiver… Rien ne s’est passé durant la nuit. Rien ne s’est fait. Pei-king, pour la première fois, m’a déçu : Pei-king et pas même les portes extérieures : Pei-king n’a pas brûlé tette nuit.
Faut-il croire à tant de bassesse ? L’abdication, le passage, la transmission des pouvoirs du Ciel se font-ils donc avec tant de complaisance aux pouvoirs de la terre ? Le Petit Empereur véridique, la main conduite par les doigts mous et gras du Régent, a « laissé tomber de son pinceau » le geste qui confère, au Dictateur, à Yuan Che-k’aï, tout pouvoir pour le Bonheur du Peuple et le soin de la santé de l’Empire… Après quoi, chacun sans doute est rentré dans ses appartements. Chacun dort paisiblement.
Il est peut-être indiscret ou maladroit de se réveiller à cette heure… historique pourtant. Et d’être soudain tout aussi lucide que le « grand ciel sec de l’hiver ». Je me réveille de très loin. Pour la première fois, ce jour n’est pas ce que j’attendais. Pei-king n’est plus l’habitat de mes rêves. Et ma mauvaise humeur envahissant et assiégeant le