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si l’on s’en prend aux gouvernants dynastiques du Trône. Après tout : comme chef de Police et Amant de la Reine Impératrice, lui seul, — dirai-je, — est doublement, ou décuplement, payé pour ça.

Je saisis donc l’à-propos de sa présence pour attendre, sans le questionner, son avis là-dessus. C’est en grand mystère qu’il me rejoint. Il s’agit beaucoup moins d’une date européenne, quelconque, le 11 octobre 1911, — mon anniversaire, paraît-il, et la fête de ma trente-cinquième année, — que de célébrer à la chinoise ledit anniversaire : il prétend me donner « le spectacle », non pas au théâtre, mais chez moi. Il est tout heureux de son idée. Il me promet des acteurs de première classe, la mieux rétribuée, et me donne le titre de la pièce : « La rencontre dans le champ de mûrier ». Il a déjà payé mes domestiques pour dresser contre le mur ouest de ma cour une estrade — et il s’en va, repris d’une gaîté de bon aloi que je n’ai pas ressaisi chez lui depuis longtemps.

Deux heures après, il est de retour, précédé d’un quatuor de musiciens, avec le violon à deux cordes, les claquettes, le Gong, Empereur de tout orchestre, et une sorte de chalumeau dont le son grave précède les entrées de Prince. Lui-même enfin, accompagné de « ses » amis.

Ils me font plaisir à revoir. Le « Gros bon garçon » et le Nième Neveu du Quantième de nos Princes… Toute la Troupe a disparu déjà dans un appentis