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même ! Je comprends, j’accepte ses allures compliquées : il a maintenant à faire face à trop de bonheurs à la fois : une amitié-régente, deux amours, dont l’une maîtresse, l’autre servante ; un danger… mille et dix mille dangers à esquiver.

Il m’initie et m’admet « en profondeur ». Pei-king n’est pas, ainsi qu’on pouvait le croire, un échiquier dont le jeu loyal ou traître se passe à la surface du sol : il existe une Cité souterraine, avec ses redans, ses châteaux d’angles, ses détours, ses aboutissants, ses menaces, ses « puits horizontaux » plus redoutables que les puits d’eau, potable ou non, qui bâillent en plein ciel… Le tout, si bien décrit, qu’il parvient enfin à me faire frissonner moi-même…

Il m’initie et je commence à l’admirer. Il a son va-et-vient habituel, — son pas quotidien. Il m’a ouvert d’un coup de bien autres Palais de Songes, aux chemins desquels j’étais loin d’avoir passé ! Ceci ne faisait point partie du « plan ». C’est, — et j’y reviens, et j’y redescends malgré moi, — c’est aussi mystérieux que la Cité interdite ; et tout l’inconnu maçonné quadruplement derrière des murs de vingt pieds de haut se décuple, en s’affouillant à leur base d’un abîme vertical : la Cité Profonde en ses cavitations de la terre !

J’entends ! Je me vois sourire ! un « souterrain » n’est plus qu’un tunnel manqué sans voie ferrée, depuis l’usage abusif qu’en firent nos romanciers