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seule raison bien assise entre les trois autres éclatant comme des cataclysmes, en explosions de vent, de chaleur ou de froid, ou procédant par grands assauts de poussière, de caléfaction, ou de glace…

Pour la première fois, je constate que René Leys est doucement ému par la pénétration de l’heure et des choses alentour… Il respire longuement. Un poète dirait aussitôt « qu’il soupire ». Il regarde en haut, le « ciel », puis devant lui, tout l’ « horizon »…, se retourne vers moi et me sourit. Vraiment je ne l’ai jamais vu sourire ainsi : il semble chercher quelque chose de très difficile à exprimer… Il dit enfin, pleurant presque de ses yeux sombres devenus plus jeunes tout d’un coup :

— Ah ! il fait bien beau, ce matin !

J’ai compris : ce garçon est décidément amoureux.

Il se confie :

— Je n’ai pas suivi votre conseil. Vous m’aviez dit de refuser ?

— Refuser quoi ? La veste jaune ? Pas du tout !

— Non : la petite concubine offerte par le Régent.

— Encore moins ! Mais vous y pensez encore ? C’est très grave : vous allez vous attirer une bonne scène de jalousie ; vous ne pourrez pas vous cacher. Que va-t-Elle bien penser de vous, l’Autre ?

Et, de mes deux mains levées, je fais le geste qui désigne Celle ou Celui que le Trône assoit.

Il me répond avec simplicité :

— Je n’essaierai pas de me cacher… Elle a une