Page:Segalen - René Leys.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je voudrais bien, sinon répéter ce Protocole, qui, dans ses gestes principaux, me semble remonter à la plus haute antiquité, du moins en connaître les nuances…

Il s’y prête et du meilleur gré du monde. Même il devance ma première question :

— Comment je pénètre au Palais ? Mais sous un costume de Princesse Mandchoue.

— Ah !

— … que j’échange à l’intérieur des murailles pour un costume de mandarin de quatrième classe.

— Ah ! tant mieux ! Oui, je préfère vous imaginer homme. Et alors ?

— Alors, le vieux Ma, vous savez, l’Eunuque en titre, qui a succédé à Li Tien-ying, qui était l’amant de la Vieille, — il vient lui-même me faire passer les autres portes jusqu’à la cour du palais de l’Est, où les eunuques de service aux Appartements me reçoivent.

— Comment vous « reçoivent-ils » ?

— Ils ont toujours un mot délicat. La dernière fois, ils m’ont dit : « Notre Maîtresse vous attendait spécialement ce soir ! »

— Délicat !

— Je les paie bien. Savez-vous combien la nuit dernière m’a coûté ?

— Non… je ne me hasarde plus aux comptabilités de ce genre.

— Cinq cents taëls !