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20 septembre 1911. — Et pourtant, aucun doute : il aime et il est aimé. Ce n’est plus seulement ses majuscules qui se redressent et prennent tournure virile. Mais son air d’enfant aventureux s’est changé en un contentement rassis, très satisfait de soi-même… un peu replié aux lendemains de grande audience… Il semble que quelque chose se soit décidément développé, transformé, révélé…

Serait-ce… Et tout d’un coup ce scrupule me prend : l’Impératrice aurait-elle été pour lui non seulement une amante après quelque autre, mais… qui sait… la Révélatrice ? L’Initiatrice ? Bien des choses me le feraient supposer. Il est vraiment délicat de le presser là-dessus. Délicate lorsqu’il s’agit d’une fille, malgré les preuves, la question devient presque impossible à poser quand il s’agit du sexe auquel je dois le mien… Il est vrai que la Poésie bien entendue permet toute licence. Et ce que l’on ne doit exprimer en paroles vulgaires demeure toujours possible à renier… Lui-même, en me faisant sous forme de lettre poétique l’aveu de la « Première Nuit », m’invite à prolonger la correspondance sur un mode équivalent.