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C’est vrai ; nous étions convenu d’une promenade à cheval, un matin, de très grand matin. Mais qu’est-ce donc qui importe : la promenade ou le conseil à lui donner ? — Sur sa vie officielle chinoise ? D’avance, je me récuse : il semble la conduire assez loin. — Sur sa vie officieuse ? Attendrait-il les… avis qui ne manquent jamais aux jeunes mariés ? — Ou, s’il a dessein d’être fils rancunier, va-t-il falloir lui dicter des « remontrances irrespectueuses à son père » ?

Demain…

… Avant de m’avoir laissé l’heure décente du réveil, il est là. Déjà ! Un grand beau jour, mais on devine encore à peine s’il fera bleu clair ou cendré de plomb ! Lui me prédit que le temps sera merveilleux. Il respire le dehors et l’air froid… Il m’enlève… nous voici dans la pleine campagne, à travers les champs de sorghos aux tiges plus hautes que nous en selle ; — au long des canaux pleins d’eau tiède de l’été… — à travers toute la plaine qui, de la mer aux montagnes, contient ma ville Capitale, la soupèse, la porte, l’entoure, l’abreuve et la nourrit !

Ce n’est rien de tout cela qui l’occupe… Il choisit son moment, me prie de mettre les chevaux au pas (il est bien temps ! nous sommes partis à un train de « trois mille mètres, haies ») et répète les termes de sa lettre.