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4 septembre 1911. — J’ai eu tort. J’aurais dû la conserver, cette lettre… première, ou tout au plus seconde. Voici la troisième. Il serait fructueux de comparer les premiers billets d’excuses qu’il m’écrivit, voici quelques mois… C’était gauche et enfantin… L’écriture reste encore indécise, mais avec des barres, un appuyé ; des majuscules qui n’existaient certes pas ainsi dessinées, et d’ailleurs, que je reconnais fort bien : cet M aux deux jambages durs et verticaux, ce V prolongé d’un trait horizontal, cet S certainement lancé de bas en haut… je sais à quelle écriture il vient de les emprunter : à la mienne. Voilà qui est, tout à rebours, surprenant ! Je constatais l’influx chinois, découlant de ce maître en vie pékinoise. J’étais loin de me croire exercer une action calligraphique et sournoise sur lui. Elle est flagrante. Je relis curieusement ce billet, malgré sa banalité :

« Mon cher ami, j’ai un conseil à vous demander, (Prosaïquement, il a repris le « vous ».) — Voulez-vous que nous fassions de bonne heure, demain, une promenade à cheval ? Je crois bien que nous en avions parlé… Je vous serre la main. — René Leys. »