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monies, qui durent huit à dix jours, seront finies, vous vous trouverez seul avec l’Impératrice… »

René Leys rougit encore…

— Seul… on n’est jamais seul au Palais. Il y a l’introduction par les eunuques et les soins des suivantes… C’est pourtant ce que lui a dit cet ami… « Enfin, on vous avertira que tout est prêt. Vous vous approcherez de votre épouse, vous vous étendrez sur elle, et vous agirez. »

René Leys s’interrompt.

Il me semble pourtant que nul conseil ne pouvait être formulé d’une façon plus classique, plus pure de langage, plus énergétiquement à propos. Je ne vois rien à reprendre à cela.

— L’Empereur, désirant faire plaisir à son ami, en suivant son conseil, s’est approché de l’Impératrice, et s’est étendu sur elle. Mais alors, — comme il avait un peu trop bu de vin pendant les huit à dix jours de fête, — il a oublié d’agir, et il s’est endormi…

Je regarde avec admiration René Leys. Rien ne pouvait évoquer avec plus d’angoisse le fantôme disparu, l’Impuissant, l’Inachevant par Raison d’État…

René Leys a-t-il vraiment conscience de la valeur de ce qu’il dit ? Et surtout, qui a bien pu lui raconter cela ? Un Eunuque ? Il n’aurait pas compris ! Une suivante… n’eût osé…

Lui demander d’où lui vient cette anecdote si