Page:Segalen - René Leys.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Leurs rapports sont faits du même papier, des mêmes grands mots hygiéniques dont ils affublent et condamnent n’importe lequel de leurs clients bourgeois. Ils ont certifié que Lui, l’Unique, était suspect de tares infantiles, de celles qu’un vulgaire rejeton peut rejeter sur ses parents… Ils ont conclu à de la dé-gé-né-res-cen-ce… Bref, que le Fils du Ciel languissait d’un mal… héréditaire !

Repoussé par la sacrilège ignorance de mes compatriotes, je me suis retourné vers les Eunuques indigènes. C’est une autre confrérie, aussi honorable, mais plus fermée. N’entre pas qui veut : on exige d’abord le diplôme. Les fonctions sont toutes restrictives, avec certains amendements. C’est ainsi que la paternité est permise dans les hauts grades, et les trahisons partout.

J’ai tenté de soudoyer quelqu’un de ces personnages. Le résultat n’a pas équivalu à la dépense : je possède des anecdotes éculées dont la presse locale avait déjà nourri ses colonnes ; et vraiment, je n’ai levé aucun secret d’alcôve. Je n’en veux pas à mes Eunuques : au Palais, l’alcôve, définie avec rideaux et ruelle, n’existe probablement pas.

Restaient les médecins chinois. Munis de recettes étrangères, mais fidèles à la pharmacopée autochtone, ils sont très fiers de leur redoutable savoir à deux tranchants. L’un des meilleurs, après un bon dîner, de cuisine justement mi-partie française et péki-