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Chine, fils et neveu de marchand, marchand lui-même, puis hôte de la cour de Khoubilaï-khan, le Gengiskhanide, petit-fils du Khan des Forts, du Mongol Tchinguis-khan, du Maître de la Horde d’Or. — Il ne connaît point Marc Paul, citoyen de Venise, rentré dans sa patrie après dix-sept ans d’absence avec les poches lourdes de richesses, la bouche si pleine d’aventures et de lointains et d’ailleurs, que ses contemporains n’en voulurent rien croire, que personne « croire ne put ».

— Vous dites ? interrompt René Leys que mon français du temps laisse abasourdi, et qui écoute, très flatté d’être comparé à un personnage inconnu.

Marco Polo ! fils et neveu de Nicolo et de Matteo Polo ! qui pendant plus de dix ans fut l’envoyé plénipotentiaire de l’Empereur d’Extrême-Asie, cependant que chez nous sa patrie se battait contre Gênes et Pise, et que notre bon roi Louis guerroyait en Palestine… Et Marc Paul de retour voulut aussi se battre pour sa Patrie, et, ayant été le Missus Dominicus, l’envoyé extraordinaire et plénipotentiaire du Khan à travers les espaces immenses, fut fait prisonnier durant six ans par les Génois, — et grâce à cette opportune captivité, eut l’heur et le temps et le lieu de nous laisser un livre, la Grande Bible d’Exotisme, la Conquête des Ailleurs incroyables, sous le titre plus beau que tout ce qu’il contient : Diversités et Merveilles du Monde

René Leys ne connaît point Marco Polo !