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25 août 1911. — Combien tout s’explique ! Combien tout s’enchaîne maintenant ! Des paroles, qui d’abord pouvaient sembler maladroites, se précisent comme un… calcul… comme une opération de banque ou de police… Ah ! je lui rends pleine justice à ce défenseur du trône, sinon de l’autel (car le Temple du Ciel est en jeu à chaque dynastie !). Il a su pénétrer justement « là d’où venaient les coups » !

J’avoue qu’il détient une bien singulière fortune ! Peu ou pas d’Européens — non, pas un, même un Jarignoux, ne se flattera d’avoir ainsi été « employé » selon ses meilleures capacités, par ce gouvernement lucide malgré sa vieillesse !

— Enfin, mon cher ami — n’ai-je pu m’empêcher de m’écrier… — enfin, vous me semblez occuper en Chine une place, un poste, une fonction où je ne vous connais aucun prédécesseur historique… à peine un précurseur… ou deux. D’abord, ce vieux Marco-Polo…

Il m’interrompt, assez inquiet :

— Quel âge peut-il bien avoir ?

Manifestement, il ne connaît ni d’âge ni de nom cet exemple classique du Vénitien Comprador à la