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15 août 1911. — Ensuite, je me souviens… (j’adopte malgré moi le style qui conviendrait si jamais j’écrivais ce livre… ce livre qui ne sera point, car ne vaut-il pas mieux le vivre ? — Problème.) Ensuite, voici des jours que les révélations récentes rendent ternes… René Leys est redevenu régulier dans son enseignement officiel, matinal dans ses levers (il est toujours debout avant l’aube), fidèle au montoir (c’est toujours la même bête qu’il sort, l’alezan qui l’a jeté huit à dix fois dans la rue…) — et me revient, son cheval éreinté, à sept heures du même matin qui l’a vu s’en aller, à l’heure précise où je m’éveille à grand’peine. Il se douche, se rhabille, et repart, cette fois en charrette chinoise dont la mule a vraiment bonne allure. Il s’en va… évidemment à l’École. C’est tout juste l’heure de son cours d’Économie politique…

— Non ! Je suis maintenant en vacances, m’a-t-il répondu avant-hier…

C’est vrai. L’université chôme depuis plus de quinze jours. Les examens de fin d’année sont achevés. Alors, où va-t-il ? Et surtout d’où me ramène-t-il ces amis variables comme les phases de la Lune,