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— Je vous remercie, mon ami, de m’avoir appelé votre « ami ».

C’est vrai. C’était à moi de décider. C’est fait. Ceci vaut bien une autre confidence ! Comme épanché tout d’un coup, il continue et se déverse :

— Savez-vous ce que le Régent m’a offert le lendemain du « coup de poignard » ?

— Dites.

— Une concubine.

— Bien choisie ?

— Je ne l’ai pas vue. Je ne l’ai pas acceptée. J’ai dit au Régent que je ne pouvais la recevoir chez moi… parce que… ça n’était pas dans les coutumes Européennes…

Il rougit. J’insiste.

— C’est tout à fait dans les coutumes Européennes !

— Je lui ai dit aussi que mon père s’en trouverait choqué. Et puis que les appointements dont je disposais ne me permettaient pas de la tenir sur un pied convenable.

Vraiment, René Leys est très embarrassé de cette « faveur ». Cependant, le Régent me semble avoir tout arrangé d’avance : la Concubine offerte habitera, pour quelque temps encore, dans le Palais du Régent, où elle aura sa cour intérieure, réservée, et tiendra sa cour.

En qualité d’ « ami », je crois le moment venu d’offrir mes services. Pécuniaires, strictement.