3 août 1911. — Cette fois, c’est à mon tour de lui raconter « mes histoires »… j’allais dire « mon roman », si le mot n’était décidément périmé par trente années d’abus et les viols répétés de l’école naturaliste. Enfin… mon entrevue, ma causerie muette, et, à défaut de souvenirs, mes « espoirs », le tout ayant pour objet la jeune dame Wang.
C’est donc chez elle, reçu par elle, malgré les coutumes et les Rites, que je passai la dernière soirée. Certes, nous n’étions point seuls. Il y avait des fils, des filles et des gendres, des enfants de divers lits, mais — fort heureusement pour sa jeunesse — ne sortant pas du sien ! Ils se sont retirés d’assez bonne heure, bien avant le repas qu’il eût été inconvenant d’absorber en famille, femmes et mâles mélangés.
C’est donc à moi, l’étranger, qu’ils ont pieusement laissé le soin de commettre l’inconvenance.
Certes, j’espère bien, en son temps, ne pas y manquer. Restent donc, en présence, sur trois côtés de la table parfaitement carrée et laquée, — elle, moi, le mari. Je mets celui-ci le dernier. Non point, certes, par une ironie facile et usagée (on n’est