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pli ; sa muraille de droite, son mur oriental est contourné, et hésite. C’est la ville chinoise, ou plutôt le lieu des mercantis enveloppant, happant et dévorant comme des fourmis… Ce terrain sud et large serait à déblayer, s’il ne contenait pas, comme un faubourg, ainsi qu’il sied, les deux Temples du ciel et de l’agriculture, enfermés à droite et à gauche, au long de sa muraille sud, pendus à la grande voie vertébrale.

Ce faubourg communique avec la Ville Carrée, la Ville Tartare, par trois portes.

Celle de l’ouest, je n’ai jamais raison de la prendre. Celle de l’est, Ha-ta-men, au contraire, me livre passage vers toute la campagne… je la connais trop bien : c’est ma porte, mon échappée.

L’autre, celle du milieu, est Ts’ien-men. Rien de plus à dire. La légende est close.

Au nord de la ville chinoise se campe la Ville Tartare, celle que j’habite, en conquérant, mais discrètement, dans son coin de droite et en bas. Elle hausse ses murailles à trente pieds au-dessus de la plaine… C’est mon vrai domaine. C’est mon bien : je possède un carré minuscule entre l’Observatoire classique, dont les Jésuites ont fondu les bronzes, et le K’iao-leou, le Pavillon d’angle d’où la citadelle domine au loin la campagne planée comme une mer calme, la mer alluvionnaire de la plaine… Puis, enfermée dans la Ville Tartare, la Ville Impériale, qu’un mauvais jeu de mots, celui-là intraduisible en