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ville sud, la ville Tartare et Ta Tsing-men, se vertèbre de monuments et va butter dans le Palais. — Soit, j’entrerai par la Porte Latérale.

On arrive, autour de moi. On se communique : que « le Ministre de France sera porté en chaise jusqu’à la salle de l’Audience ; que la suite… suivra. (J’abrège la formule.) Parvenue à la salle de l’Audience, quand le Régent paraîtra, la suite s’inclinera. Quand l’audience sera finie, l’on saluera par trois fois, et l’on se retirera en reculant. »

Voilà donc ce qu’il en est advenu, de la triple, triple et triple prosternation couchée d’autrefois ! Je songe que les courbettes inscrites à ce protocole ont fait couler beaucoup de sueurs diplomatiques. La Chine, suzeraine de toute l’Asie, exigeait de ses vassaux, comme des « tributaires » Européens, la grande « humiliation », le front au sol, et tout le corps allongé sur la terre, et cela répété neuf fois ! Les meneurs d’ambassades hésitaient, et, selon leurs pays d’origine, agissaient de façon toute différente : les Portugais, faciles et bons garçons, acceptèrent, se prosternèrent, et durent s’en aller bredouilles. Les Hollandais, plus réfléchis, visant des apanages commerciaux, se prosternèrent aussi, mais sans rien obtenir de plus. Les Russes, par bon voisinage, faisaient de même, simplement comme ils s’embrassent sur la bouche chez eux, par décence, aux fêtes religieuses. Les Anglais, avant de s’abaisser, exigèrent qu’un haut mandarin fît de même devant le portrait