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18 juin 1911. — Ce Protocole vient à son heure : à mon tour d’entrer au Palais… de jour, il est vrai, et très officiellement. Le Ministre de France Plénipotentiaire, envoyé extraordinaire de Paris à Peiking, va présenter au Régent ses lettres de créance, et la Légation a décidé fort à propos qu’un Français de plus au cortège ferait bien.

Je suivrai, respectueusement, prêt à ne rien perdre du chemin que l’on fera, passé la Porte ; je ne sais encore où se donnera l’audience : dans le Palais de la Grande Harmonie ? au centre de la haute terrasse blanche, large comme une plaine, et carrée, dont on connaît de si enthousiastes et naïves descriptions Européennes d’autrefois ; dont on voit les toits doubles régner au centre et au fronton de la foule noble des Palais, du haut de Ts’ien-men ?… Mais peu d’espoir : la Maison Régnante est en deuil. Et l’audience se donnera, vraiment, je ne sais où…

Je suis le premier des « suiveurs » au rendez-vous, à Tong-Houa-men, la porte que je connais si bien du dehors. Mauvais signe : c’est une porte latérale, choisie évidemment pour dérober l’entrée par la grande Voie Impériale qui traverse la Chine, la