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gués, peu vêtus malgré la richesse de leurs loques et portant ou traînant des fruits en grappes que l’on dit source d’une boisson admirable, pleine de saveur, de sagesse et de gaîté…

Devant eux, un homme hâve, harassé, conduisant le premier tribut, est Tch’ang-Kien, émissaire du grand périple occidental. Il est sur le retour de ses treize ans d’aventures. Il est maigri par le temps, la force donnée, le choc répété des lointains, — et sa figure usée à l’haleine rugueuse des glaciers. Si vous le voyez ainsi, peint en avant de tout autre cortège, c’est que, le premier, partant du Milieu et crevant la barrière, il « fit le trou ». Et depuis, l’Empire, en effet, converse avec ces pays aux noms âpres de Bagdad et de Ferghana, et cette merveilleuse Sogdiane, patrie des beaux chevaux, origine du vin !

Le tribut exigé se double de dons volontaires plus précieux : les Princes d’une autre ville investie là-bas, on ne sait où, ont coupé la tête de leur roi, afin de la présenter en