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ces personnages affairés, pendus au ciel, tournant de haut en bas leurs têtes et leurs emblèmes…) On égalise les mesures dans le Ciel : on pèse les poids, on rectifie les boisseaux supra-sensibles, les fléaux, les râteaux et les râcles ; et dans ces canaux supérieurs, voyez-vous, d’ici-bas, la carène de la barque impériale dont un censeur des transports examine les joints ? — Tout s’apprête, se dispose ; mais là-haut même, nul ne se risque à recueillir. Dans les campagnes célestes, on laisse paître, on affranchit, on lâche au bleu les étalons et les taureaux…

Et, restant plein de prévoyance, on récure et l’on draine les chemins verticaux reliant le Ciel à la terre, le lit des fleuves d’abondance ; les vallées des sources du zénith. Et l’on se protège même de la première pluie messagère : n’anticipez point sur le labeur de l’Été : sinon, des pestilences ! Des brigands armés ! Des insectes pleuvant au lieu de gouttes et rongeant le cœur des céréales ! N’anticipez point sur le spectacle : la contemplation céré-