Page:Segalen - Peintures, 1918.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Peintres ; le vaste ondoiement de la mer ; le coup d’aile alenti de la grande oie rose dans le ciel ; la caresse recueillie, dépouillée, décharnée de tout désir… Éventez encore, éventez…

Mais le visage peint se réévoque insolemment et se précise à chaque foulée. Il regarde de trop près. Que veut-il dire ? Est-ce vous qui le provoquez ? Le rencontrer hors de ceci : quelle insupportable aventure ! Comme la vue d’un ami trop insistant, comme un remords trop fidèle, comme un muet qui veut interroger.

Mais nous n’habitons point le monde vrai. Ce qui déplaît ou déconcerte, nous pouvons, mieux qu’un remords, l’évincer, et d’un seul geste du doigt, l’effacer.

Fermez donc les doigts : du coup, le visage n’existe plus…