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complaisance d’être vu. Tout ceci daigne apparaître. Mais sachez bien, d’un souffle, tout ceci peut disparaître. Ces vieux hommes, nous devinons ce qu’ils expriment : la glorification de la durée. Ce sont les vieux fils du Temps-Empereur.

Et avec l’âge, vous savez bien que toute âme s’accroît : que toute intelligence exagère et déborde son degré : l’âme d’une vieille cloche en remontre à un jeune arbre : l’âme d’un vieil arbre rayonne au-delà des branches sèches : l’âme d’un vieil animal pense presqu’aussi faussement qu’un homme sage. L’âme d’un vieil homme qui a su très longuement accumuler les ans, — comme d’autres les monnaies de cuivre, — pénètre les âmes et les hommes, s’élance et vient voleter ici dans la ronde frémissante. Reconnaissons le pouvoir vraiment magique de la seule longévité.

Et ne vous étonnez pas de ces attributs obligatoires : les fanons qui pendent sous le menton, le ventre qui fait poche. Cela se voit peu sous les vêtements cérémonieux. Et quel be-