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voir et de son corps et de sa mort. — Regardez mieux : c’est un arbre chargé de chaînes.

C’est pourquoi la forte ramure se rabat et enserre le tronc : le tronc est percé et ferré d’un gros anneau, — source des liens — qui de là divergent et vont plonger sous la terre. Ah ! vous n’aviez pas senti cette honte et l’attache, et comment, malgré la vigueur des membres, toute la frondaison ploie et pleure : cet arbre fut héroïque et coupable : il a supporté qu’un Empereur — cerné dans son palais dont les eunuques livraient les portes, entouré de ses femmes curieuses du vainqueur — cet arbre a supporté qu’il se pendît aux hautes branches et mourût !