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du descendant du Khan des Forts ! Voici l’apothéose machinée par le rejeton du Grand Ancêtre nomade : ce petit-fils est éminemment musicien et mécanicien.

Admirez sa plus fière invention : la Clepsydre magique ; — hantée dès l’aurore de génies-poupées qui s’en viennent marquer le temps en frappant cloches et tambours. Durant le noir, ce sont des fantômes de plâtre qui mènent toute la sonnaille. Quand se vide l’une des douze heures, des lions apparaissent, qu’il a modelés de ses mains d’après les plus féroces figures imprimées sur le papier des livres. — Au mi-jour, des Immortels en carton peint s’élancent et volent vers des grottes postiches. Ils redescendent à la mi-nuit.

Croyez bien que disposer ces menus mouvements d’horloge est délicat plus que le règne d’un Empire qui se nourrit et peuple de lui-même ; — en dépit des impôts et des guerres.