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Voilà maintenant qu’il joue au Conquérant violeur de villes ! Il fait donc dépouiller et lier, comme offertes à lui, dix jeunes filles qu’on lui affirme vierges. Elles se couchent, écartant de force leurs bras minces et leurs jambes rondes. Le puissant vainqueur les reçoit et sans trop regarder se détourne : Il n’avait jamais vu de filles ainsi nues. Comme elles pleurent et se plaignent, il les fait délier bien vite et vêtir ; les caresse un peu et les renvoie comblées de gâteaux et de perles.

Alors, le Peintre officiel lui propose de figurer tout vivant dans la Grande Succession des Bons et des Sages. Et l’Empereur se redresse, roulant ses prunelles, crissant des dents :

« À qui supposes-tu donc que ressemble Notre face ?

— Aux saintes faces de Yao et de Chouen… » répond l’autre bien éduqué.

L’Empereur dit :
« Sacrilège ! »