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C’est un portrait ancestral. Le peintre ici, par ordre souverain, a troué les deux yeux de ce puits sans fond des prunelles, — et vous pourriez, par ce puits, atteindre l’âme du portrait. Mais quel besoin ? — Cette symétrie, ces concordances : doigts entrelacés dans une sérénité longue ; genoux stables et surtout cette face vue d’en face, équilibrée comme un monument ; ces couleurs plates sur la paroi impassible, et le parfait cercle écrivant son contour éternel…

N’est-ce pas la présence même de la Déesse à la Compassion réfléchie ? Dans ce front rien d’autre n’habite ? Ces narines sont emplies de parfums. Cette bouche n’enfanta que de tendres paroles. Et ces pieds ont mené le chemin du milieu.

C’est, à son rang dynastique, l’image de la Douairière Impératrice Wou, de T’ANG. Et le Peintre a pris soin de formuler en lettres élégantes les devises, les attributs, les noms honorifiques et les titres que son mérite lui