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suivent : ceux que l’on peut prendre, dresser ou tuer : le chameau sur ses doigts mous, avec son col de dragon, l’éléphant à trompe, et la vache occidentale cuirassée au nez cornu ! D’autres plus rares : l’Unicorne menée en laisse par ce mince personnage cambré qui va se dandinant, pointant des manches et des coudes ; et le cerf jumenté de cheval ailé que monte la femme insolite au visage plein, au corps souple, aux seins nus. Sans arrêter l’en-allée, voici l’oiseau solaire à trois pattes et le lièvre lunaire très affairé sous ses oreilles, avec son mortier dans les bras où il pile et pilonne la drogue de longue vie, — décidément tardive à tous les défunts. Des jongleurs et des acrobates viennent tomber des nues au milieu des marcheurs. La tête en bas, ils font un arc et rebondissent. Des singes, avec ou sans queue, se poursuivent. Plus vites que tous, les grands chars à roues rayonnantes, emmenés par ces fameux trotteurs, — encolure longue et chanfrein plat, — le tribut de Sogdiane…