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lent l’espace : Voyez donc ! Des aveugles ou des vampires se réjouiraient à palper tout cela : C’est l’étonnante naissance, les conquêtes, le triomphe de TS’IN ; c’est par là qu’on fait de l’Empire une cuve sans division, et qu’on brasse et qu’on pétrit les royaumes en un seul pain. Chaque scène est simple et nette.

Ici, le jeune roi, à peine majeur, déclare que tout opposant à ses actes sera d’abord décapité et bouilli ; ensuite écouté… peut-être.

Ici, la chaudière chante, le billot est prêt sur lequel on pose la tête. Mais le jeune roi lui-même prend le censeur par la main, le relève, et le fait Grand Conseiller.

Ici, on le contemple, cravachant des pierres qui saignent, et faisant peindre rouge-sang une roche qui refuse de rougir.

Ici, par respect pour sa mère révérée, — quoiqu’indigne, — il massacre dans Han-tan les vieilles gens qui l’avaient vu naître et l’affirmaient bâtard.