Page:Segalen - Peintures, 1918.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fants sans héritage, riches habilement de ce qu’ils apprendront. Sous leurs tempes de bois, il y a une férocité parentale. Au fond de leurs yeux charbonneux, un feu couve, sous de sournoises lueurs.

Le chef, petit comme les autres, répète sourdement une ambassade qu’il récitera aux pieds du Ministre des Tributs :

« On nous appelle « les Nains » ! Sachez que nous sommes du Grand JAPON qui est de fondement solaire. Nous ne portons rien sur les épaules ? C’est que nous venons tout apprendre, qui soit bon pour nous, et tout emporter. »

En effet, ils marchent en rangs comme de bons élèves. Ils méritent bien l’audience, et des enseignements.

Ils iraient tout droit jusqu’au bout, si la route, embourbée dans ce marais, ne laissait vivement vos yeux les devancer.