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Un jour large, d’une étendue inquiétante : le ciel est double : le dessus et le dessous sont semblables et le sol manque à vos pieds. Déroulez donc tout d’un coup ce qui peut tenir d’espace entre vos deux bras ; puis, ne bougez plus : il n’est rien qui doive changer dans cet horizon isotrope…

Et pourtant, sous vos yeux, cela change de peau, de couleur et d’humeur : cela n’est rien qui s’humilie comme la route. Et pourtant, pénétré du soc des carènes, cela est lacéré par les filets, battu par les rames, habité par des êtres myriadaires comme des oiseaux dans le vent.