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(Dans un transport passionné :
ORPHÉE

saisit sa LYRE, se lève, et, — détourné d’Eurydice :)

Tu es belle et indomptable, Lyre, amante enchantée !

Gardienne au seuil de mes palais sonores ! Réseau fier qui trame mes sommeils et défend mon rêve chantant,

Lyre, c’est à toi que vont les jeux aimants : tes hanches sont polies et nacrées ; la courbe de tes cornes est cambrée comme deux bras dansants :

Ta voix est nombreuse ! Ta voix est hardie ! Quand tu trembles, tout s’agite et retentit.

Mais, tes nerfs vivants, voici qu’ils se brisent : la corde morte traîne sur mes poignets et sur mes doigts.

Quel discord a pu la rompre ?

Ô seule ! Vas-tu m’abandonner ainsi ?