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turnes ; pénétrantes plus que dialoguées. Ce qui n’était pas dit agissait. Ce qui se tut ourdissait le silence. Nous cherchions l’incantation des syllabes. Sans confondre — fût-ce le ton d’une voyelle ou le temps d’une appoggiature — deux arts aussi hautainement divers, nous tentions par quelles harmonies ces deux arts coexisteraient avec goût ; comment ils se coexalteraient. Les contours verbaux se sacrifiaient à l’hymne futur. Le lyrisme des mots, — mot lui-même si équivoque, — se renonçait en faveur de l’autre, lyrisme musical, lyrisme de la Lyre : — le chant.

Sous les mots se formulaient des êtres et grondait le drame inhumain. Des personnages émergeaient de limbes. Il passait des figurants. Au milieu d’eux, étranger, mortel à tous, se manifestait Orphée-Roi. Il y eut aussi, comme y obligent les tréteaux dressés sur la terre, une arabesque imaginée, la construction d’un certain monde concret, bâti de Montagnes, Bois et Fleuve, pesamment architecturé de matières, surdécoré de Palais,