Page:Segalen - Les Synesthésies et l’école symboliste.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.

intime. Des « Concerts populaires » y seraient déplacés, souverainement.

Néanmoins, de profonds artistes ont su, de ce procédé, illuminer leurs œuvres. Aux sensations brutalement définies ils ont préféré de délicates suggestions berçant le Rêve personnel de chaque auditeur.

Ils ont réduit les rapports à deux sensations, s’en sont tenus au Livre, au lieu de scène ; n’ont pas distribué de programmes. Naturellement l’Ouïe et la Vue, comme les plus éduqués de nos appareils sensoriels, ont été les premiers mis en exploitation. Et voici les résultats.

Quelques titres, d’abord. Le titre, schème et symbole de l’œuvre, en doit révéler ou évoquer l’essence secrète. Or, Stuart Merrill écrit ses Gammes, Jean Moréas ses Cantilènes, Adolphe Retté fait résonner des Cloches dans la nuit, et dans toute l’œuvre du doux Verlaine, mieux que toute musique chantent et bruissent les Romances sans paroles.

Cette surgie de rythmes et de timbres est caractéristique. Le siècle du Roi-Soleil avait vu une poussée d’architectes en arts divers, Boileau comme Le Nôtre… et les jardins de Versailles partagent avec l’Art Poétique un aspect défini :

…correct, ridicule et charmant (Verlaine).

Peintres furent les Romantiques, en leurs truculences à la Delacroix. Mais la Musique, ayant pris son essor en tant qu’expression profonde et poignante de toute humanité, subjugua le symbolisme :

De la musique avant toute chose,


chante Verlaine. Plus loin, il crie éperdument :