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« Or, Téaé, comme l’île avait faim, réunit les hommes de sa terre, les hommes maigres et desséchés ; les femmes aux mamelles taries ; et les enfants pleurant pour manger.

— E aha ! Téaé.

Téaé leur dit : — Je vais monter dans la vallée. Je dirai vers Té Fatu le maître, des parlers puissants. Allons ensemble dans la vallée.

— E rahi ! Téaé.

Ils le suivirent. Les torrents avaient soif, et la grande Punaàru descendait, goutte à goutte, dans son creux de cailloux secs. Derrière eux venaient des cochons maigres, réservés pour la faim des derniers fours.

— Ahé ! Téaé. »

Voilà qui n’était point trop hasardeux à tenter ! Térii, s’imagina, par avance, guider allègrement lui-même quelque foule espérante. Il prolongea sa rêverie :

« Comme ils arrivaient au mont Tamanu, qui est le ventre de l’île, Téaé leur dit : creusez dans la terre un trou pour y plonger un grand arbre.

— A rahi ! Téaé.

Et Téaé descendit dans ce trou. Il invoqua Té Fatu le maître avec des parlers suppliants. Il se tenait immobile, bras levés, jambes droites.

— Ahé ! Téaé. »